L’histoire du karaté débuta au XVième siècle, lorsque l’archipel d’Okinawa (ce qui signifie une corde sur l’océan, à cause de sa forme), l’île principale de l’archipel du Ryukyu au sud du Japon, passa sous la domination de l’empire chinois. Ce dernier promulgua l’interdiction du port des armes, laissant les habitants d’Okinawa sans défense face aux soldats chinois et aux bandits.
Leur seule solution pour assurer leur sécurité, et ce sans transgresser l’interdiction, fut de développer l’art du combat à main nue ou « Te ». Les Japonais qui envahissent l’île au début du XVIIième siècle maintiennent et renforcent l’interdiction du port des armes. C’est au cours de ce siècle que se produisit la synthèse du « Te » et des arts martiaux chinois originaires du célèbre temple de Shaolin, donnant ainsi naissance à l’ancêtre du karaté actuel.
Au début du XIXième siècle, l’histoire du karaté d’Okinawa se résume à trois styles : Tomari-te, Shuri-te, Naha-te, du nom des trois villages d’où ils sont originaires.
C’est maître Gichin Funakoshi (1868-1967), originaire de Shuri, qui importa le karaté d’Okinawa au Japon lors d’une présentation en 1922 à Tokyo. Il décida ensuite de rester dans cette ville et fonda, en 1938, son propre dojo qu’il appellera le Shotokan. Il est donc à noter qu’à l’origine Shotokan désigne le nom du Dojo (bâtiment) et non celui du style. Shotokan vient de Kan où « maison » et de Shoto où « l’ondulation des pins » (pseudonyme utilisait par maître Funakoshi lorsqu’il écrivait des poèmes). Son enseignement était assez proche de celui que l’on dispensait à Okinawa, basé sur la vitesse d’exécution et l’agilité des mouvements.
A l’origine, karaté s’écrivait en Kanji (les caractères chinois) et signifiait « la main chinoise ». Maître Funakoshi transforma ces Kanji en « main vide ». Il ajouta aussi le caractère « Do » (le chemin, la voie) à la fin du mot karaté. Pour maître Funakoshi, le Karaté-Do représentait bien sûr un art martial mais aussi une voie qui devait conduire au développement de son propre caractère et de sa propre personnalité.
Le mot karaté est donc formé par deux caractères, le premier est « Kara » (vide) et le deuxième est « Te » (main). Ainsi, en ajoutant la particule « Do« , cela donne : « La Voie de la Main Vide« . Cette écriture à une double signification :
1 – vide de toute mauvaise intention (référence à l’esprit de l’art martial)
2 – vide de toute arme (référence à la technique)
Le successeur de maître Funakoshi à la tête du Shotokan fut son fils, maître Yoshitaka (1906-1945). Il introduisit des positions de plus en plus basses et des attaques plus longues et plus puissantes. Il développa également le combat souple et les kumités (littéralement mains « te » qui se rencontrent « kumi » où exercices de combat) et orienta le karaté vers une pratique plus sportive. Ainsi est né le Karaté-Do style Shotokan, du nom du Dojo où enseignait maître Funakoshi.
Cette figure avec le tigre à l’intérieur du cercle est le Tora No Maki, « le rouleau de tigre« . Dans la tradition japonaise, le Tora No Maki est le document écrit officiel d’un art. Ce dessin a été peint par Hoan Kosugi, grand artiste japonais, pour illustrer la page de couverture du premier livre de Maître Funakoshi Karaté Do Kyohan.
Puisque aucun livre sur le karaté n’avait été écrit à ce moment là, Hoan Kosugi a dit à Maître Funakoshi que son livre serait-le « Tora No Maki » du karaté. Il est à noter que le tigre « Tora » symbolise la force et le courage. L’irrégularité du cercle indique qu’il fut probablement peint avec un seul coup de pinceau. Les caractères près de la queue du tigre dénotent le nom de l’artiste.
Et pour finir, un poème de Maître Funakoshi :
» Les pins bleus ondulent lentement sous la brise…
La porte de la maison mène à l’autel des ancêtres…
Ils m’attendent désormais sur l’île…
Où le poing serré est symbole de la Paix… »
Gichin Funakoshi